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Quand la croissance devient difficile

Rédigé par Liesbet Suykens | 10 mai 2023

Une forte augmentation des faillites est attendue en 2023. 

L'année dernière, le nombre de faillites a augmenté de 9 % au niveau mondial. Cette hausse s'explique principalement par le fait que les gouvernements ont cessé de soutenir financièrement les entreprises pendant la pandémie. Cette année, cependant, une hausse encore plus importante est prévue, avec probablement quelque 49 % de faillites en plus par rapport à l'année dernière.

Mais pourquoi cela se produit-il et quels sont les pays et les marchés qui seront les plus touchés par l'augmentation des faillites ? Theo Smid, économiste principal chez Atradius, a répondu à ces questions et à d'autres encore dans le rapport Insolvency Forecast.

Il a constaté que certaines des principales économies mondiales, dont la Corée du Sud (154 %), l'Italie (90 %), Hong Kong (83 %), la Nouvelle-Zélande (82 %), les Pays-Bas (79 %) et les États-Unis (74 %), sont confrontées à une très forte augmentation des faillites d'entreprises cette année.

Cette augmentation des faillites n'est-elle pas le signe d'un retour à la normale ?

A première vue, la hausse des taux de faillite semble inquiétante. Pourtant, nous nous attendions à cette hausse, car avec l'arrêt des mesures de soutien, les faillites allaient vraisemblablement revenir aux niveaux d'avant la pandémie. Il y a aussi les entreprises les plus faibles qui ont pu garder la tête hors de l'eau pendant les lockdowns grâce à l'aide des pouvoirs publics. Des entreprises qui, en temps normal, étaient probablement déjà en faillite, mais qui ont bénéficié de quelques mois supplémentaires. Enfin, il y a les entreprises qui n'ont pas pu anticiper les conditions économiques difficiles actuelles.

Sur certains marchés, les faillites ont déjà retrouvé leur niveau d'avant la pandémie. Mais dans la plupart des pays, la normalisation se poursuit. En Belgique, elle a commencé en 2022 et se poursuit jusqu'en 2023. En Italie, l'ajustement a lieu principalement en 2023, ce qui entraîne une aggravation de la tendance. La forte augmentation des faillites d'entreprises diminuera lentement en 2024. Nous prévoyons une augmentation de 12 % par rapport à 2023. Cette augmentation est donc principalement un retour à la situation antérieure à la pandémie.

Une croissance modérée affecte-t-elle les taux de faillite ?

L'économie mondiale ne devrait croître que de 1,7 % en 2023. La persistance d'une inflation élevée et le resserrement de la politique monétaire, conjugués à une baisse de la demande, créent des conditions commerciales difficiles.

L'année dernière, l'augmentation des faillites s'est surtout concentrée dans les pays où l'aide gouvernementale a rapidement pris fin ou qui étaient aux prises avec d'autres défis financiers. Au Royaume-Uni, par exemple, l'augmentation des faillites peut être attribuée à la fin de l'aide gouvernementale combinée à une faible croissance économique depuis le Brexit. En Espagne, le ralentissement économique et la levée du moratoire sur les dépôts de bilan ont entraîné un pic de faillites au troisième trimestre 2022.

À l'horizon 2024, il semble que la situation sera plus nuancée. Globalement, nous prévoyons une stabilisation, avec une augmentation des défaillances de 12% par rapport à 2023. Cette hausse devrait être plus importante en Nouvelle-Zélande, en Corée du Sud et à Singapour, car le processus de normalisation sera encore en cours dans ces pays.

Sur d'autres marchés, les faillites commenceront à diminuer ou resteront relativement constantes. Cela s'explique par le retour à des taux d'insolvabilité normaux et par le fait que les entreprises dites "zombies", qui ne pouvaient pas survivre sans soutien, ont fait faillite depuis. L'avenir reste difficile. Les entreprises qui se sont beaucoup endettées pendant les années de la pandémie subiront une pression supplémentaire sur leurs flux de trésorerie en raison du resserrement monétaire en cours. Ce qui, à son tour, pourrait accroître le risque de faillite. Ainsi, même si l'avenir semble plus prometteur, l'économie mondiale n'est pas encore sortie de la zone de danger à cet égard.