Personne ne sera surpris de découvrir le thème central de notre dernière édition des Perspectives Economiques : « La guerre commerciale ». Depuis que le président Trump a instauré des droits de douane, les prévisions de croissance ont été revues à la baisse pour tous les marchés importants.
Depuis les différentes annonces du président Trump concernant les droits de douane américains, notamment celle du 2 avril, jour que son gouvernement a qualifié de « jour de la libération », le calme est quelque peu revenu et bon nombre de ses projets ont été abandonnés.
Les droits à l'importation pour les États membres de l'UE s'élèvent actuellement à 10 % (dans le cadre du tarif général), en plus des droits supplémentaires de 25 % sur les voitures, l'acier et l'aluminium.
Dans la zone euro, cette révision à la baisse des prévisions de croissance est encore modérée. Les prévisions de croissance pour 2025 restent inchangées par rapport aux perspectives de mars. Pour 2026, une légère correction à la baisse de 0,3 point de pourcentage est prévue. Dans la plupart des marchés de l'UE, la croissance est tirée par les dépenses intérieures (certes prudentes).
Cette situation va-t-elle changer à l'avenir ? La future politique commerciale des États-Unis mettra-t-elle fin aux modestes tendances de croissance actuelles ? Il semble que seul le président Trump ait la réponse, et c'est précisément ce qui alimente actuellement l'incertitude économique, au moins autant que les droits de douane eux-mêmes.
De nombreuses entreprises reportent leurs investissements tant que l'avenir de leurs marchés et de l'économie mondiale reste incertain. La grande incertitude qui entoure la politique commerciale américaine incite les entreprises à adopter une attitude attentiste.
En ce qui concerne l'économie mondiale, les prévisions de l'Economic Outlook tablent sur un conflit commercial limité entre les États-Unis et d'autres pays. Nos économistes envisagent toutefois un scénario plus extrême, dans lequel les États-Unis augmenteraient encore leurs droits à l'importation. Cela pourrait entraîner des mesures de rétorsion de la part de leurs partenaires commerciaux et des perturbations dans les chaînes d'approvisionnement. Dans ce cas, ce sont les États-Unis eux-mêmes qui subiraient les plus gros dommages économiques : le PIB baisserait davantage et le pays serait le plus durement touché en cas de nouvelle escalade.
Au niveau national, le principal défi réside dans la viabilité de la dette publique. La Belgique est l'un des cinq États membres de l'UE dont le taux d'endettement devrait dépasser leur PIB d'ici fin 2026. Les quatre autres sont la Grèce, l'Espagne, la France et l'Italie.
Cette question fait déjà l'objet de vifs débats au niveau local. Le gouverneur de la Banque nationale de Belgique, Pierre Wunsch, a récemment averti que la Belgique était vulnérable à une future récession et a appelé le gouvernement à prendre des mesures supplémentaires pour réduire le déficit budgétaire.
La Banque centrale européenne (BCE) continue également de mener une politique proactive contre l'inflation. La banque a de nouveau baissé ses taux d'intérêt en juin. Les taux d'intérêt applicables à la facilité de dépôt, aux opérations de refinancement et à la facilité de prêt marginal s'élèvent désormais respectivement à 2 %, 2,15 % et 2,4 %. Il s'agit déjà de la septième baisse des taux d'intérêt depuis juin 2024.
D'autres baisses sont-elles à prévoir ? Selon nos économistes, c'est possible, même s'ils ne s'attendent pas à une nouvelle baisse avant septembre.
Pour l'instant, le rapport « Economic Outlook : Trade War » offre une image claire de la situation de l'économie mondiale et des principaux facteurs de croissance. La politique commerciale des États-Unis pourrait-elle provoquer de nouvelles perturbations à l'avenir ? Absolument. Pour l'instant, la croissance se poursuit, même si elle reste assez modeste par rapport aux prévisions antérieures à l'introduction des droits de douane.